Papier froissé
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Auteur : Papillon
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Je n'étais qu'un petit papier
Qu'une main bien-élevée
Avait délicatement plié.
Mes plis bien repassés,
Dans une boite avait rangé.

Par un beau soir étoilé
Je fus , de mon écrin déshabillé.
Tandis que l'encre sur moi coulait,
J'ai senti mon complice le vent
me soulever

Je me suis senti libéré
Par le souffle frais porté ;
Enfin j'allais voyager...

Quel bonheur, quel plaisir,
quand transporté,
Je sentis mes quatre coins se déployer.

Mais je ne suis qu'un insignifiant papier.
Un jour le vent, apaisé, s'est lassé.
Et sur un sentier inconnu, m'a délaissé.

Fortuitement, une main m'a ramassé
Mais son ennui s'est porté
Sur le petit papier léger
Sans aucun intérêt

Cette main rageuse, ininteressée
Dans son poing m'a enfermé.
De toute ma surface recroquevillé
Tout mon être oppressé
Je devenais papier froissé.
 
 
A terre je fus jeté
Petit papier blessé
Mon dessein tout tracé
Aux oubliettes j'allais passer

Puis un pied m'a percuté
Une main rattrapé
Et mon âme soulevée

Mais c'est une main coléreuse
Qui m'a déchiré

Je songe en secret
Qu'une main moins agitée
Humble et patiente
Me vienne en aide
Afin de rassembler mes esprits
Me permettre d'oublier froissements
et déchirures.

J'y songe et puis j'oublie.
Aucune main ne pourra jamais
Réparer ce que d'autres ont détruit

Alors je prie le Seigneur
Qu'il ne soit pas trop tard.
Et je laisse le vent m'emporter.
J'accepte enfin
De n'être qu'un papier froissé
     
Source image :
http://www.shadowscapes.com/image/dreamsearch.shtml
 
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